lundi 19 janvier 2015

On m'a demandé l'adresse de mon blog et j'ai dit non !

On m’a demandé l’adresse de mon blog et j’ai refusé de la donner.

C’est un peu de ma faute, c’est vrai. Suite à sa dispense de gym, l’ado-naissante ne voulait plus aller au cours. Mais vous savez ce que c’est : y’a des textes, des règles… et des abrutis. Bref, il fallait qu’elle y retourne. Alors au collège on m’a demandé comment j’avais fait pour qu’elle change d’avis et j’ai répondu : j’ai fait une note de blog.

Là, j’ai bien senti comme un flottement chez mon interlocuteur. Du genre : keskelraconte ?! Il a dit : je serais curieux de la lire, et je me suis entendu lui répondre : non.

Non, monsieur, vous ne lirez pas cette note de blog. Parce qu’un blog c’est personnel. Alors oui, je sais ce que vous allez dire : à partir du moment où on raconte sa vie sur Internet, elle ne nous appartient plus vraiment. Et pourtant… ce blog est MON espace de liberté. J’y parle des choses qui me font rire, qui me touchent ou qui me font hurler. J’y parle de vous, de moi, de ma banquière. C’est peut-être comme un journal intime à ciel ouvert, néanmoins, ce qui s’est dit entre ma fille et moi pour régler un problème - qui soit dit en passant était entre vous et elle – ne concerne que nous et le reste de la blogosphère. Cette blogosphère à l’anonymat rassurant, remplie de conseils, de soutiens et de critiques parfois, qui font le sel de l’échange.

Je conçois que cela n’entre pas dans votre logique. C’est bien dommage.

L’explication que je lui ai faite parle d’injustice et de cruauté. Elle n’est pas « éducationnalement » correcte. Elle ne va pas dans les sens des éducateurs de tous poils, des thérapeutes de comptoir, ni des bien-pensants. Elle est la démonstration, que parfois, plutôt qu’un long et inutile combat, il vaut mieux se résigner à compter ses doigts pendant quelques heures. Ce n’est pas un constat d’échec, loin de là, mais une ouverture au débat avec elle et avec les autres internautes. Parce qu’un blog c’est ça : l’échange. Le partage des expériences de chacun.
Je lisais récemment le commentaire d’une blogueuse (que j’aime beaucoup), qui disait :

« J’ai une bonne blague à vous raconter. Ma belle-mère connait mon blog. Adieu. »

L’angoisse de tout blogueur ! Comme je le disais plus haut, notre blog est notre espace de liberté. Et, en tant que tel, il nous sert parfois de défouloir. C’est l’endroit où l’on vide notre sac. Le SEUL endroit où l’on peut dire aux gens qui gravitent autour de nous dans la vraie vie à quel point ils nous emmerdent, usent nos nerfs, pompent notre énergie… mais sans lesquels notre vie serait sans doute moins intense (ou pas). L’endroit où l’on peut leur dire qu’on les hait de tout notre cœur. Des choses qu’on ne peut ABSOLUMENT pas leur dire en face, sans risquer, au mieux, de se prendre la honte de notre vie, ou, au pire ; de provoquer une crise majeure. Une crise, qu’en plus on ne veut pas, parce qu’en vrai, on les aime un peu quand même.
C’est aussi ça un blog : beaucoup de contradictions et de l’amour.

Maintenant, si vous tenez vraiment à lire cette note, rien ne vous empêche de chercher mon blog sur la toile. Si vous le trouvez je vous invite à lire toutes les autres et à les commenter, si le cœur vous en dit. Je vous lirais avec plaisir. Mais je n’en parlerais pas avec vous dans la vraie vie. C’est dit.

 André, contradictoirement blogueuse.

 

 

dimanche 11 janvier 2015

Et si on obligeait les personnes qui n'ont pas de mains à prendre des cours de piano ? (Le coup de gueule, qui dit : y'en à marre !)

Si l’un de nos politiciens avait l’idée – débile - d’imposer des cours de piano à ceux qui n’ont pas de mains, ou des cours de claquettes à ceux qui n’ont pas de pieds : que se passerait-il ? On crierait au scandale. Et on aurait raison !
Car, si on obligeait les personnes qui n’ont pas de mains à prendre des cours de piano : Il y’a ceux qui s’emmerderaient profondément, parce qu’ils n’aiment pas le piano. Et il y’a ceux qui rageraient parce qu’ils auraient adoré jouer du Rachmaninov, mais que sans doigts c’est impossible. Ne serait-ce pas un peu cruel ?
Evidemment, je force le trait, mais, comme tu le sais, public invisible, l’ado-naissante a un problème de genou. Et, depuis deux ans et demi, j’ai l’impression de prêcher dans le désert. Toi qui a lu mes précédents billets (cf : malade imaginaire et pédagogie), tu sais que je n’arrive décidemment pas à ouvrir la mer rouge de l’Education Nationale.
 
J’ai pourtant été sympa :

 J’ai passé l’éponge sur les commentaires à la con, du style :
-         Les enfants à cet âge-là c’est tous des tire-au-flanc !
 
Je suis passée outre le secret médical, souvent. J’ai passé l’éponge sur les commentaires anxiogènes, du type :
-         Les enfants comme toi, ils seront malades toute leur vie
-         Oulààààààà, je suis allée voir sur Internet, c’est super grave ce que tu as !
 
Et les questions qui vont avec « maman, je ne suis pas malade, si ? » Non ma chérie, les handicapés / invalides / empêchés de… NE SONT PAS MALADES.
 
Et je vous fais grâce de ce qu’ELLE peut endurer des adultes et de ses camarades.
Alors à tous ces pédagogues professionnels et diplômés, qui sont là pour instruire nos enfants et nous aider à en faire des adultes meilleurs ( ?), je voudrais dire STOP. Arrêtez de nous aider.
C’est déjà assez difficile comme ça d’expliquer a une enfant ce qu’elle a, alors que clairement on n’est pas aidés.  
Assez difficile comme ça de lui expliquer que le sport c’est pas possible pour elle.
Assez difficile de la mettre en marge de l’univers qui est le sien.
ALORS EST-IL BIEN NECESSAIRE DE L’OBLIGER A ASSISTER AUX COURS DE GYM ?
Car oui, elle doit assister au cours du lundi, pour prendre des notes sur ce que font les autres ( ! ) Parce qu’il est possible, que peut-être, à la fin de l’année, si ils arrivent à s’entendre, ils lui fassent passer une hypothétique évaluation ( ! )
Est-il bien utile de lui montrer, chaque lundi, comme c’est bien le sport, à elle qui ne peut pas en faire ?
Est-il bien utile de lui montrer, chaque lundi, à quel point ses copains s’éclatent sur le terrain ?
Est-il bien utile de la laisser : se faire chier, se geler, regarder passer les avions, compter ses doigts, sur le bord d’un terrain, pour RIEN ?
Je me le demande…
Alors c’est vrai – je me dois d’être totalement honnête – que parfois, elle peut aller en permanence plutôt qu’en cours. En permanence, où elle a deux heures, pour : se faire chier, se geler, regarder passer les pions, compter ses doigts, faire ses devoirs – ou pas – mais pas rentrer à la maison, ah ça non !
 Andréa

jeudi 8 janvier 2015

A Charlie.

J’étais partie pour aller au cinéma, avec ma fille. On a ri, on a chanté. Et puis on est rentrées. Et on a appris la nouvelle. Ou plutôt : on a pris la nouvelle… en pleine gueule.
Le choc.
L’ado-naissante ne saisit pas l’ampleur de ce qui vient de se passer. Pendant qu’elle vaque à ses occupations, je suis scotchée devant BFM.
Charb, Tignous, Wolinski, Cabu… j’hallucine.
Toutes les chaines ont bouleversé leur programmation, les réseaux sociaux s’emballent, les commentaires affluent de toute part. Sur la blogosphère les premiers posts apparaissent. Mais pas ici. Moi je ne peux pas écrire. Je reçois trop d’informations d’un coup, mon cerveau bugue. Il va me falloir du temps pour digérer.
Si la nuit a été courte et mauvaise, elle a au moins fait renaitre l’irrépressible envie d’écrire, qui revient ce matin et qui reviendra toujours.
Cet attentat ce n’est pas rien.
Au-delà des vies sacrifiées, c’est une menace latente qui (re)devient réelle. C’est un retour à la peur comme en 1995. Une inquiétude et un sentiment d’insécurité que les parisiens connaissent, parce qu’en 95 on y était. C’est aussi, évidemment, pour le monde entier, le spectre du 11 septembre qui refait surface.
Au-delà de Charlie Hebdo, c’est la liberté de la Presse qui est remise en question et pire, la liberté d’expression. Une liberté d’expression déjà tellement mise à mal, qu’il était salutaire pour nous tous de voir en Charlie Hebdo, LE village gaulois, qui résiste encore et toujours. En 2011, le village avait été rasé. Mais les gaulois étaient revenus. Aujourd’hui, ce sont les gaulois qui sont morts. Et mes souvenirs d’étudiante avec eux.
Mais au-delà de tout cela, de la peine et de l’horreur, c’est la perte incommensurable d’hommes et femmes à l’esprit libre.
 
 
 
A Charlie
Aux morts
A Charb, Tignous, Wolinski et Cabu,
qui avez construit ce que je suis.
 
 

 

 

mardi 6 janvier 2015

Il était une fois...


-         « J’ai un scoop ! J’ai un scoop ! » annonce haletante l’ado-naissante en s’engouffrant dans la voiture.
Je m’attends à tout.
-         « Alors : c’est Clément-François, tu vois qui ? Il voulait sortir avec Emma. Mais elle a pas voulu parce que, elle, elle voulait sortir avec Thomas. Tu sais ? Celui qui habite à côté. Elle a choppé son numéro de téléphone et elle lui a envoyé des SMS. Mais il a pas répondu parce que lui, il l’aime pas. Alors du coup elle est allée parler avec Marius, sur Snapchat. Il parait même qui se sont dit « je t’aime ». Enfin bref, ils se sont donné rendez-vous au fond du rang à la fin de la récré. Mais elle elle savait pas si elle allait sortir avec lui, alors elle s’est caché dans les couloirs. Et lui, il faisait style qu’il parlait avec les garçons de ma classe, alors qu’en fait il s’en fout, il l’attendait. Et quand elle est sortie de sa cachette elle est pas allée au rendez-vous ! C’était un secret, mais Thomas l’a su et il l’a raconté à tout le monde ! [sourire satisfait] [reprend son souffle] Alors ? Alors ? c’est pas un super scoop ?! »
-         « Euh… j’ai rien compris. »
-         « Tu veux que je te ré-explique ? »
-         « … »

 

Andréa, une aspirine et l’addition !

Bonne Année !

Les copains, vous avez été quelques-uns à suivre mon blog, depuis le mois de mars dernier. Vous avez ri de mes aventures à la banque (bande de salauds !) et vous avez été ému des démêlées sportivo-médicales de l'ado-naissante. (A ce propos un autre billet est en préparation dans lequel il sera question de compter ses doigts...mais je ne vous en dit pas plus) Bref, en 2015, je vais continuer à vous raconter ma "life" en espérant vous faire rire, un peu, et partager avec vous, beaucoup. En attendant, je vous souhaite une bonne année, pleine de joies, de rires et de chansons !

samedi 3 janvier 2015

Caprice de Star

Cet après-midi j’ai rendez-vous avec une pianiste, qui doit donner un concert gratuit, dans l’église de Trifouillis-sur-mer (petite ville de 16 000 âmes, dans le sud de la France).
J’insiste sur le mot « gratuit », parce qu’en province - on est un peu ploucs - les concerts payants de musique classique sont souvent… peu fréquentés. La jeune femme d’une vingtaine d’années a un CV qui tient sur Post-it, mais a déjà sorti un CD. 150 personnes sont attendues, c’est presque-pas Bercy.
J’arrive pendant les répétitions pour pouvoir parler un peu avec elle et faire une photo devant l’église.
Je me présente et lui dit comment va se passer l’interview, pour faire un petit papier dans le journal du lendemain. Et là, elle me répond :

-         « Ah, non ! Pas de photos ! je ne suis pas maquillée ! »
-         « Euh… si, vous l’êtes. Ca suffira. »
-         « Ce n’est pas mon maquillage de scène ! Je contrôle mon image figurez-vous ! »
-         « … »   Les bras me tombent.
-         « Revenez dans deux heures ! »
Je suis estomaquée. Je ne sais pas si je dois éclater de rire ou l’insulter.
Huhuhu… Madame, ma fille de 4 ans, à la fête de l’école, a joué des maracas-bouteille-en-plastique devant plus de public que toi. Mais, c’est vrai, elle n’a jamais fait de CD. Alors, sache qu’avant d’être une diva, il faut être quelqu’un, sinon ça s’appelle une emmerdeuse.
Bref : je suis sortie. Elle attend toujours que je revienne. On a mis autre chose dans le journal du lendemain.
Andréa, fan ou pas...