On m’a demandé l’adresse de mon blog et j’ai refusé de la
donner.
C’est un peu de ma faute, c’est vrai. Suite à sa dispense de
gym, l’ado-naissante ne voulait plus aller au cours. Mais vous savez ce que
c’est : y’a des textes, des règles… et des abrutis. Bref, il fallait
qu’elle y retourne. Alors au collège on m’a demandé comment j’avais fait pour
qu’elle change d’avis et j’ai répondu : j’ai fait une note de blog.
Là, j’ai bien senti comme un flottement chez mon
interlocuteur. Du genre : keskelraconte ?! Il a dit : je serais
curieux de la lire, et je me suis entendu lui répondre : non.
Non, monsieur, vous ne lirez pas cette note de blog. Parce
qu’un blog c’est personnel. Alors oui, je sais ce que vous allez dire : à
partir du moment où on raconte sa vie sur Internet, elle ne nous appartient
plus vraiment. Et pourtant… ce blog est MON espace de liberté. J’y parle des
choses qui me font rire, qui me touchent ou qui me font hurler. J’y parle de
vous, de moi, de ma banquière. C’est peut-être comme un journal intime à ciel
ouvert, néanmoins, ce qui s’est dit entre ma fille et moi pour régler un
problème - qui soit dit en passant était entre vous et elle – ne concerne que
nous et le reste de la blogosphère. Cette blogosphère à l’anonymat rassurant, remplie
de conseils, de soutiens et de critiques parfois, qui font le sel de l’échange.
Je conçois que cela n’entre pas dans votre logique. C’est
bien dommage.
L’explication que je lui ai faite parle d’injustice et de
cruauté. Elle n’est pas « éducationnalement » correcte. Elle ne va
pas dans les sens des éducateurs de tous poils, des thérapeutes de comptoir, ni
des bien-pensants. Elle est la démonstration, que parfois, plutôt qu’un long et
inutile combat, il vaut mieux se résigner à compter ses doigts pendant quelques
heures. Ce n’est pas un constat d’échec, loin de là, mais une ouverture au
débat avec elle et avec les autres internautes. Parce qu’un blog c’est
ça : l’échange. Le partage des expériences de chacun.
Je lisais récemment le commentaire d’une blogueuse (que j’aime
beaucoup), qui disait :
« J’ai une bonne blague à vous raconter. Ma belle-mère
connait mon blog. Adieu. »
L’angoisse de tout blogueur ! Comme je le disais plus
haut, notre blog est notre espace de liberté. Et, en tant que tel, il nous sert
parfois de défouloir. C’est l’endroit où l’on vide notre sac. Le SEUL endroit
où l’on peut dire aux gens qui gravitent autour de nous dans la vraie vie à
quel point ils nous emmerdent, usent nos nerfs, pompent notre énergie… mais
sans lesquels notre vie serait sans doute moins intense (ou pas). L’endroit où
l’on peut leur dire qu’on les hait de tout notre cœur. Des choses qu’on ne
peut ABSOLUMENT pas leur dire en face, sans risquer, au mieux, de se prendre la
honte de notre vie, ou, au pire ; de provoquer une crise majeure. Une
crise, qu’en plus on ne veut pas, parce qu’en vrai, on les aime un peu quand
même.
C’est aussi ça un blog : beaucoup de contradictions et
de l’amour.
Maintenant, si vous tenez vraiment à lire cette note, rien ne
vous empêche de chercher mon blog sur la toile. Si vous le trouvez je vous
invite à lire toutes les autres et à les commenter, si le cœur vous en dit. Je
vous lirais avec plaisir. Mais je n’en parlerais pas avec vous dans la vraie
vie. C’est dit.