dimanche 2 octobre 2016

Au pays d'Ubu

 Ça y est, l’ado est entrée au lycée.
Le jour de la pré-rentrée, elle a découvert ses deux profs principaux : le prof de gym et le prof de maths ! Le grand écart scolaire. L’eau et le feu. L’anti-thèse et la foutaise.
Pour l’anecdote, avant même qu’ils ne se présentent, l’ado et son BFF, les avaient déjà reconnus.
-         Ils ont pas eus besoin de se présenter (morte de rire) on a su tout de suite qui était qui !
-          ???
-         Le prof de gym il s’y est repris à 3 fois pour compter les élèves. Il arrive pas à compter jusqu’à 31 d’un seul coup (pleure de rire) ! Donc celui là on a tout de suite su qu’il était pas prof de maths ! Où alors on était mal barrés !
-         Et le deuxième ?
-         Ah bin lui on a eu qu’à l’écouter parler. Il fait une faute de français par phrase. Donc en toute logique : il était pas prof de français, hu, hu, hu ! Et comme il comptait plus vite que l’autre, on en a déduit que c’était le prof de maths.
Ils sont futés ces gamins.
Bon, mais revenons à nos trochlées. Donc, le prof de gym, a bien expliqué que TOUS les élèves doivent faire gym. Même les dispensés. Et là, y’a eu comme un vent de panique chez l’ado et son BFF, qui selon le théorème de « qui-se-ressemble-s’assemble » sont tous les deux dispensés de gym. Du coup, prenant leur courage à deux mains, ils sont allés aux infos, à la fin du cours. Le verdict a été sans appel : Tout le monde en cours.
 
ACTE I : ETUDE DE TEXTES
Dans sa grande mansuétude, l’Education Nationale ne veut laisser aucun enfant sur le bord du chemin. Ce qui est louable. Et donc de ce fait, demande aux enseignants de sport, d’impliquer TOUS les enfants, y compris les malades, handicapés, empêchés de… en leur proposant des activités adaptées. Ça c’est ce qu’a expliqué le prof aux enfants. Exemples :
Au BFF de ma fille, qui a mal aux talons, il a expliqué qu’il pourrait faire de l’escalade, parce que « c’est un sport qui ne sollicite pas les talons ».
Et à ma fille, il a expliqué qu’elle pourrait aider à monter et démonter les pyramides humaines (au 1er trimestre, ils font acrosport).
Et c’est là qu’on est pas d’accord l’Educ’ Nat’ et moi.
Mais passons. Voilà où l’on en était à l’issue de la première journée.
 
ACTE 2 : A MOI DE JOUER
Quelques jours plus tard, l’ado m’annonce qu’elle a rendez-vous avec le médecin scolaire (comme je l’avais demandé dans le formulaire d’inscription au lycée).
-         Et moi ?
-         Quoi toi ?
-         T’y vas toute seule chez le médecin scolaire ?
-         Apparemment oui, toi t’es pas invitée.
-         Et tu vas savoir quoi lui dire ?
-         Bin non, justement, va falloir que tu me redises les mots. (sort une feuille de papier) Comment t’écris : displasi ?
-         D-Y-S-P-L-A-S-I-E-F-E-M-O-R-A-L-E
-         Ok et troklé ?
-         T-R-O-C-H-L-E-E-S. Tu sais quoi, je vais demander à venir avec toi
Le lendemain, je me pointe au lycée et on m’envoie dans le bureau de l’infirmier – apparemment c’est avec lui que l’ado a rendez-vous, le lendemain.
On discute. Il sait à peu près de quoi il parle, pose des questions pertinentes et propose la clé de l’ascenseur et un coupe file pour la cantine, sans que je n’ai rien demandé. Ensuite, il me dit qu’il va en parler avec le médecin scolaire et qu’ensemble ils décideront si l’ado peut être dispensée de présence aux cours de gym. Une sorte de super-dispense qui m’arrangerait pour deux raisons : 1 – je n’aurais plus à m’inquiéter de ce qu’on pourrait lui demander de faire en cours et 2 – je pourrais lui caser deux heures de kiné le mercredi matin.
Il me demande un courrier du kiné et veut quand même rencontrer l’ado le lendemain pour mettre un visage sur son nom et discuter avec elle d’éventuelles difficultés pratiques qu’elle pourrait rencontrer dans le lycée. Sympa de sa part. Le lendemain, la rencontre se passe super bien. Et le surlendemain j’apporte la lettre du kiné. Il y jette un  œil distrait, l’agrafe au dossier et annonce :
-         De toute façon c’est bon, elle est autorisée à ne pas aller en cours, j’ai vu le médecin scolaire hier, tout est réglé.
OUF
 
 ACTE III : AU PAYS DE UBU
Hier soir. Réunion parents-profs. Quand vient le tour du prof de gym, il explique que TOUS les enfants doivent venir en cours. Bon, ça c’est OK, on a bien compris. Mais, il ajoute une variante :
-         Dans certains lycées, il y’a des cours spécifiques pour les dispensés de 17 à 18 h, où ils font des activités adaptées : fléchettes, jonglage ou mime. Ici on n’a pas ça, mais on leur fait quand même faire des choses. Donc pas de passe-droits : tout le monde vient en cours.
A la fin de la réunion, je vais le voir (extraits)
-         Vous avez reçu le mail du médecin scolaire, qui la dispense de venir aux cours ?
-         Ah non. Mais je n’aime pas cette façon de faire ! Je n’aime pas qu’il y ait deux poids, deux mesures, tout le monde doit venir ! Je n’ai rien contre vous, mais ça ne se fait pas, je n’ai même pas été concerté !
-         Je n’ai rien contre vous non plus mais j’ai suivi la procédure : j’ai rencontré l’infirmier, qui m’a proposé de la dispenser de présence et qui, étant donné son cas, en a discuté avec le médecin scolaire, qui a tranché.
-         Mais je lui ai proposé des activités adaptées ! (je précise ici, que le prof n’a pas été fâché de cette conversation, plutôt triste de ne pas être consulté)
-         J’entends bien, mais quelles sont vos compétences médicales pour juger si telle ou telle action peut être compatible avec son problème ? Que savez-vous des conséquences que pourraient avoir une blessure ?
-        
-         Vous savez on ne fait pas 5 h de kiné par semaine pour le plaisir, encore une fois ce n’est pas contre vous, mais si vous flinguez tout ce travail pour obéir à un texte je ne vais pas être d’accord du tout.
-         Oui, je comprends…
-         Et comprenez aussi, que le médecin scolaire ne prenne pas la responsabilité de l’envoyer en cours. Je conçois que ça soit difficile à admettre, parce que quand on la voit là, on n’imagine pas qu’elle ait un problème, mais si le spécialiste le dit, le kiné aussi et même le médecin scolaire…
-         De toute façon le médecin scolaire a tranché, donc…
-         Oui voilà… Mais si vous tenez absolument à lui mettre une note elle peut vous faire un devoir écris ?
-         Mais je ne suis pas prof de lettres je suis prof de gym !
-         Ok…
 
MORALE
Pour l’Education Nationale, une dispense établie par un médecin ne suffit pas. Et ça, soyons francs : je ne peux pas le comprendre. Je ne VEUX pas le comprendre. Toujours pas, même après 4 années de prise de tête. Enfin, la bonne nouvelle cette année, c’est qu’on est tombées sur une équipe moins butée que les autres, plus humaine aussi (ou plus trouillarde ?). En tout cas le résultat est là : mercredi, elle ira chez le kiné, au lieu d’aller en cours et ça c’est déjà une victoire. A moins que d’ici là …
 

mercredi 7 septembre 2016

C'est la rentrée ! Histoire de chaussures

Aujourd’hui on était bien l’ado et moi. Enfin bien… bien en avance surtout. A 6 h 15 on s’est levées… pour qu’elle commence les cours à 8 h. Elle avait peur d’être en retard. Elle est stressée cette petite.
Acte I
Bref. Je prends mon temps, je comate gentiment devant Facebook. Tranquille. L’appart’ est tout calme. Silencieux. Trop silencieux… Soudain le doute m’envahi : mais oui ! En douce l’ado est… retournée se coucher !!
Acte II
L’heure de partir arrive enfin. Sympa, je lui propose de l’emmener directement au lycée, plutôt que de la déposer au bus.
Devant le lycée, on attend que la porte ouvre. Pas pressée, elle fait tirer jusqu’à ce que le bus, qui transporte son BFF* arrive. J’m’en fiche, je ne suis pas pressée. Et hop d’un coup il apparait et l’ado se précipite hors de la voiture pour le rejoindre.
Je la regarde s’éloigner. Puis stopper et revenir vers moi. Les yeux écarquillés, elle me dit :
-         Haaaaaan, maman ! J’ai oublié mes chaussures !!!
Baisse les yeux et découvre les claquettes avec stupéfaction… Elle a OUBLIE ses chaus-sures !!!! (Je me sens comme dans cette pub pour Booking.com, Booking.yeah !)
Pour lui éviter une punition 2 jours après la rentrée, je me suis transformée en Alain Prost : j’ai décrassé le moteur de la bagnole, explosé deux ou trois radars, je crois même que les crottes de pigeons, sur le toit, ce sont décollées. En vain ! La circulation étant ce qu’elle est, je suis arrivée à 8 h 01. Trop tard, donc.
Du coup, il a fallu que je me gare (à perpette à cause de Vigipirate) et  que je remonte toute l’allée baskets et chaussettes à la main jusqu’à la loge. La tête de la madame-de-la-loge, quand j’ai déposé les godasses sur son comptoir. Je vous garantis que ça valait le coup d’œil. Morte de rire, elle a collé une petite étiquette au nom de l’ado sur les chaussures, histoire de ne pas se gourer en les rendant… (il aurait plus manqué que ça)
Bon, bin elle aura eu un truc à raconter à son mari en rentrant…
 

Andréa. C’est quand déjà les vacances ?

 

 

*Note pour les vieux : BFF = Best Friend Forever (meilleur copain, quoi)

 

vendredi 1 juillet 2016

Où l'on a découvert que les personnes âgées aussi sont mal élevées

Les copains, je voudrais partager aujourd’hui, la mésaventure qui est arrivée à mon ado ce matin.

On se baladait gentiment sur une brocante. L’ado repère un truc Playmobil qui l’intéresse, se penche pour l’attraper, se rend compte qu’il manque des morceaux, s’accroupit et fouille dans une caisse, quand soudain, une dame se penche vers elle et lui balance « Tu joues encore à ton âge ?! C’est affligeant ! ». Je vous le transmets là comme ça, mais c’était assez violent. Y’avais un je-ne-sais-quoi d’odieux, d’hautain, de WTF dans ces quelques mots.

Les bras nous sont tombés, comme on dit ici.

Et puis ça nous a fait marrer, on s’est bien foutu de la gueule de ces deux vieux cons. Parce que soyons clairs, on ne peut décemment pas les envoyer se faire foutre là, comme ça, parce qu’on est bien éduquées. Mais putain que c’était tentant.

Pour que vous compreniez bien l’incident, je vous ai mis mon point de vue et le sien (facultatif).

-         La scène de mon point de vue :

Il y’a un groupe qui bavarde sur la route. L’ado se penche pour chopper son Playmobil et moi je me tiens à quelques pas de là. Une dame arrive et passe entre le groupe et le postérieur de ma fille. Sur le coup, j’ai pas capté, mais apparemment ce minuscule gymkhana l’a contrariée. Je la vois se pencher et observer attentivement la gamine, qui pour le moment n’a rien remarqué. Et puis, elle lui balance : « Tu joues encore à ton âge ?! C’est affligeant ! ». Ma fille lève la tête, la regarde, scotchée. J’ai envie d’intervenir et de dire à cette dame d’aller se faire … (bref, vous avez compris l’idée), mais je me retiens. J’attends la réaction de la gamine, parce que je vois sa tête. Je vois son visage changer et elle fait son regard noir qui dit tire-toi-vite. J’ai envie de me marrer et je me pense « Madame, tu vas ramasser si t’insiste ». Et là, le monsieur, qui accompagne la charmante madame, lui glisse « t’as vu le regard qu’elle te fait ! » et ils s’en vont outrés. C’est là que j’ai éclaté de rire. On se dit qu’ils sont farcis (ça aussi c’est un truc qu’on dit ici) et on part en fou-rire. Ils nous regardent de loin en ronchonnant.

-         La scène du point de vue de l’ado.

Elle est perdue au pays des Playmobil fouillant le bric à brac à la recherche des bouts manquants, quand elle percute qu’on lui parle : « Tu joues encore à ton âge ?! C’est affligeant ! ».

« Sur le coup j’ai pas compris. J’ai cru qu’on la connaissait et que c’est pour ça qu’elle me parlait. Je l’ai bien regardée pour voir qui c’était. J’ai pensé qu’elle allait te dire « hey ! Salut ! ». C’est pour ça que j’ai rien dit. Dans mon cerveau ça c’est bousculé, je me suis dit : si je l’engueule et que c’est une copine de ma mère, je vais me faire engueuler en retour. Et puis non, t’avais pas l’air de la connaitre. Mais je pensais quand même qu’elle plaisantait, et qu’elle allait rire à la fin, du genre « naaaan mais je plaisante ! » Parce que je me suis dit que personne ne pouvais me dire ça. De quoi j’me mêle ! Et puis j’ai vu que toi aussi tu hallucinais et que tu te marrais alors j’ai ri aussi de la connerie des gens ! »

 

Bilan, on a beaucoup beaucoup ri, mais en vrai l’ado est en colère (et elle n’a pas complétement tort) : « quand je pense qu’on nous répète sans arrêt que les jeunes sont mal élevés ! Non mais sérieux ?! Ces vieux se croient tout permis ! » 

Et les ados, quand c’est en colère ça hashtage ! (pour ceux qui ne maitrisent pas, je vous mets les espaces)

#ça va pas la tête

#de quoi j’me mêle

#foutage de gueule

#t’as craqué mémé

#on t’as pas sonné

#va te faire em…pailler

 

 

 

lundi 30 mai 2016

Bref, j'ai écrit à Barack Obama

Il faut que je vous raconte une histoire. Il y’a de ça a  peu près trois ans, j’avais rencontré un très jeune homme, qui faisait voler des drones, avec lesquels il filmait les villes depuis le ciel. C’était le tout début et je l’avais interviewé, parce qu’il venait de créer sa société afin de pouvoir les commercialiser. Il avait 18 ans.

Il y’a quelques jours, alors que je regardais ma page Facebook, je vois passer sa photo. Il était écris, qu’il avait été contacté par la NASA pour participer à un concours. Il prenait donc l’avion, direction Cap Canaveral, avec je-ne-sais quel projet en poche. J’ai montré ça à mon ado, qui a été scotchée. Les jours passants, nous avons revu passer des images de ce jeune : la première disait qu’il était dans le top 10 du concours et la seconde le montrait avec un trophée.

Ce qu’il a fait ou gagné importe peu, l’idée était de montrer à l’ado que rien n’est impossible. Elle qui, avec ses photos mettant en scène des Playmobil, a déjà eu des opportunités assez incroyables, a été plus que sensible à cette histoire.

Dans le cadre du brevet des collèges, qu’elle passe cette année, elle a eu un projet artistique à faire et à défendre devant un jury. Elle avait choisi une image de Norman Rockwell, "The Problem We All Live With", qui représente Ruby Bridges, la 1ere fillette noire à avoir intégré une école de blancs. C’était en 1960.

Un sujet, important, certes, mais qui a laissé mon ado perplexe. Oui, elle sait que les noirs ont été persécutés mais à part ça… pas grand-chose. De plus, pour elle (et pour les autres aussi) 1960 c’est déjà la préhistoire. Elle n’était donc pas très inspirée pour la production personnelle.
 
-          Bof, c’est vieux cette histoire, tu vois moi je voudrais faire quelque chose qui se passe maintenant.
-         Elle est morte Ruby Bridges ?

[Recherches effrénées sur le web] [Silence radio] [Houton ? On a perdu l’ado]
-         Bien sûr que non qu’elle est pas morte ! Elle est née en en 1954, elle a 61 ans ! Elle est plus jeune que papy et mamie ! [stupéfaction ! Elle est même pas vieille !] Haaaaaaaan, en plus tu sais quoi ?! En 2011, elle a été invitée à la Maison Blanche pour rencontrer Barack Obama ! Et il avait fait venir le tableau pour qu’elle le voie en vrai.
-         Barack Obama, qui est ?
-         Bin le président des Etats-Unis ! [soupir blasé, qui dit : mais t’es nulle ou quoi ?!]
-         Nan mais c’est le premier président noir des Etats-Unis !
-         Ah, oui… [c’est là qu’on voit que les gamins, pour eux c’est tout à fait normal, ils ne se posent aucune question]
-         Ça veut dire que Barack, qui, à une vache près, a le même âge que Ruby Bridges a été élu seulement 48 ans après. Ça veut dire aussi qu’en 48 ans tout a changé.
-         Voilà c’est ça que je veux montrer
-         L’évolution de la société ? Vaste projet
-         Nan ! Ruby qui rencontre Barack
-         Ah, ok…

Elle a dégainé ses fidèles Playmobil, m’a dégoté un superbe Barack, avec le costume et tout, et hop c’était parti.

Une fois la photo dans la boite :
-         On va la mettre sur Facebook.
-         Ouais, tu crois qu’il va la voir Barack Obama ?
-         J’en doute, mais cela dit il a surement une page Facebook… Ah, on ne peut pas poster dessus [pas con, le Barack]. Sur la page de la Maison Blanche non plus [tu m’étonnes !] Par contre j’ai vu quelque part qu’on peut lui envoyer un mail tu veux que je regarde ? [réponse affirmative] Bon j’ai envoyé un mail mais on ne peut pas mettre de photo, du coup c’est un peu con. On lui fait une lettre ?

La gueule du mec de la Poste quand je lui ai tendu l’enveloppe pour qu’il l’affranchisse….


Bref, j’ai écrit à Barack Obama.

Andréa no limit

dimanche 29 mai 2016

Il manque un mot

Chers Najat V.-B., Petit Robert, Bescherelle (ta mère), Julien Lepers, Maitre Gims et tous les intellectuels de bonne volonté.
        
Je voudrais solliciter votre aide car il manque un mot à la langue de Molière. Figurez-vous qu’il y’a de ça une quinzaine de jours, autour du 1er mai, alors que je patientais sagement chez le kiné, avec l’ado, il m’est venue l’idée de faire un petit courrier. Une sorte de récapitulatif de ces 4 années passées au cœur du système éducatif français. Il était destiné à l’Inspection Académique et, peut-être aussi, à toi Najat (il faut d’ailleurs que je me grouille car j’ai peur que tu ne sois plus ministre d’ici que j’ai fini de l’écrire). Mais dès les premières lignes, je me suis rendu compte que je n’avais pas de mot pour qualifier le cas de ma fille, qui je le rappelle, bien que je sois certaine que vous lisiez mon blog (comment ça quel blog ?!) a les trochlées plates.
Vous qui êtes supérieurement instruits et/ou intelligents, vous saurez sans doute, éclairer ma lanterne. Quel terme puis-je employer ?
-         Handicapée ? Elle n’a QUE les trochlées plates, du coup le mot semble un peu fort, non ?
-         Invalide ? Bof, moi je trouve que c’est un mot qui a une connotation un peu trop militaire.
-         Invalide intermittente ? Intermittente de l’invalidité ? Je cherche hein…
-         Empêchée de ? Inapte ?
J’ai beau chercher, je ne trouve aucun mot qui convienne à quelqu’un qui souffre d’une malformation des genoux. Nous sommes d’accord, vous et moi, pour dire que « malformée » n’est pas envisageable ?
Il est donc clair qu’il manque un mot spécifique.
Je vous laisse y réfléchir et poster vos réponses sur le blog.
Amicalement
Andréa, de A à Z

 

PS : Aujourd’hui cela fait une quinzaine de jours, que j’écris ce courrier. Je l’ai pensé, réfléchi, modifié, enrichi et puis, en le relisant, j’ai réalisé qu’il faisait plus de 20 pages ! J’ai peur que cela ne soit trop long pour un courrier et même pour une note de blog. Alors que faire ? Un livre ?

Gros mais pas gris !

Etre gros, c’est moche. « On » nous le dit dans les magazines, à la télé, « on » nous le dit en long, en large et en travers. Et pourtant, certains d’entre nous, s’obstinent à vouloir rester gros ! Un comble ! D’autant plus, que partout, « on » nous explique comme c’est facile de maigrir.

Je ne vois donc pas d’autre explications : nous, les gros, le faisons exprès. Probablement pour gâcher le panorama  des gens normaux.

Aussi, quand « on » m’a dit, cette semaine, que ma fille était trop grosse, j’ai suis passée par plusieurs phases…
-         Raisonnable : Oui, c’est vrai qu’elle a pris du poids
-         Complexée : OMG ! Elle va devenir comme ses parents !
-         Coupable : C’est tout de ma faute ! Je suis une mère de merde !
-         Agressive : T’as que ça à me dire bouffonne !
-         Pratique : En cas de vent, elle ne s’envolera pas…

J’étais en mode Cyrano et sa – fameuse – tirade du nez. Et, pendant que je me disais, que ce genre de réflexions « je me les sers moi-même, avec assez de verve, mais je ne permets pas qu’un autre me les serve », mes yeux se sont posés sur « on ». Et, je me suis aperçue qu’elle était grise.

Ça m’a rappelé un souvenir : quand j’étais enceinte, pendant une visite, on m’a envoyé voir une nutritionniste, qui m’a demandé ce que j’avais mangé pour le petit déjeuner. J’ai répondu : « deux croissants ». Et là, je me suis fait incendier ! Elle m’a dit texto que j’étais « une mère indigne » ! Je n’étais même pas encore mère que j’avais déjà tout raté. Ce constat anticipé m’avait fortement contrariée. De retour dans le cabinet de la gynéco, et alors qu’elle me demandait comment c’était passé le rendez-vous, je me souviens lui avoir répondu qu’à choisir, je préférais rester enrobée, que de ressembler à sa nutritionniste. Regard surpris. « Vous l’avez vue ? Elle est grise. Franchement : elle a l’air de sourire quand elle se pince, elle a les cheveux ternes, le teint terne, l’humour terne. Non mais sérieux, elle fait peur ! Vous êtes sûre qu’elle est bien placée pour donner des conseils ? Moi, je crois que c’est d’un bon steak qu’elle a besoin ! » Suite à cette réflexion, avec laquelle la gynéco, hilare, a visiblement été d’accord, j’ai été dispensée de visites avec la nutritionniste.

Quinze ans plus tard, revoilà donc « on-les-bons-conseils ». Et encore une fois, il s’agit d’une personne grise. Hasard ou fatalité ? Je me pose des questions : Est-ce que tous les gens en bonne santé sont gris ? Il me semblait pourtant le que le bêta-carotène était bon pour le teint… Est-ce que seuls le saucisson, le vin et le chocolat donnent bonne mine ? Ou alors c’est la frustration qui rend fadasse, terne, limité anémié, l’air d’avoir un poireau enfoncé dans l’c… ?

Est-ce que des scientifiques se sont penchés sur le sujet ? Et les militaires ? Parce que si ça se trouve, la réponse à toute cette violence galopante est là : si ça se trouve tous les gens aigris, agressifs, cons, ne sont pas foncièrement méchants : ils ont peut-être juste faim. Ils sont peut-être juste nutritionnellement frustrés. Ils manquent de sucre, de gras, de vie.

Si ça se trouve, les éclairs au chocolat pourraient sauver le monde…

Andréa, en pleine réflexion…

mercredi 20 avril 2016

Y'avais longtemps !

Ahhhhhhhhh y’avais longtemps… Longtemps qu’on n’avait pas eu une réflexion-à-la-con. Et pourquoi qu’on avait plus eu de réflexions-à-la-con ? Parce que l’ado avait fait un effort, elle avait pris sur elle et cessé de feignasser : elle avait repris le sport à l’école.

En octobre, on avait revu le spécialiste et il avait dit, je cite : « on va tenter avec une semi-dispense ». Donc, j’avais pris rendez-vous avec la prof – et repris mon bâton de pèlerin – pour expliquer le cas de mon ado. Coup de bol, cette année, sa prof était une p’tite nana super sympatoche, qui, je dois l’avouer a fait très attention aux genoux de mon bébé.

Mais, à l’aube du 3e trimestre, le programme prévoyait un cycle foot et rugby. Ça sentais le cramé pour les genoux. Nous sommes donc retournées voir le spécialiste pour connaitre son avis. Et là, catastrophe. Son verdict a été sans appel : ça ne va pas du tout, qu’il a dit. Les genoux sont en piteux état, non seulement le foot et le rugby c’est « niet », mais en plus y’a plus de sport du tout. Repos total. Kiné spécialisé. La totale…

Ce matin, après 15 jours de vacances, l’ado va au bureau faire valider sa dispense. Et là, elle a eu droit à la petite leçon de morale maison.
 
-         Hélène m’a dit de faire bien attention pour le brevet, de voir s’il ne me restait pas des épreuves à faire. Parce que du coup si je ne les fais pas ça va me pénaliser. C’était gentil de sa part.
-         Non.
-         Quoi non ?
-         Non, ce n’était pas gentil de sa part.
-         Ah ?!
-         Ça veut dire que si tu n’as pas déjà toutes tes notes, tu vas être pénalisée pour le brevet, et ? qu’est-ce qu’on peut y faire ? Que tu sois pénalisée ou pas c’est comme ça, on n’y peut rien. Tu ne peux pas faire de sport. Donc, encore une fois, elle essaie de te culpabiliser genre « dis donc ma cocotte faudrait voir de faire un effort, c’est pour le brevet ! Le coup de la dispense du 3e trimestre, quand il fait beau et chaud, on me l’a déjà faite. Tu glandouilleras pendant les vacances ». Ce n’est pas « gentil ». C’est con.
-         J’avais pas vu sa comme ça…

Justement, c’est bien là le cœur du problème : elle n’a pas vu ça comme ça. Du haut de ses 14 ans, elle prend les choses au pied de la lettre. Elle écoute, elle obéit. Et qu’on puisse manipuler un enfant comme ça, je vous le dis franchement : ça me dézingue. Y’en a qui tire au flanc, y’en aura toujours, on l’a tous fait à un moment ou à un autre et je ne dis pas – pas du tout – que mon ado est parfaite et qu’elle n’est pas partisane du moindre effort. C’est une ado. Mais là, ça fait 4 ans qu’on leur explique qu’elle NE PEUT PAS faire de sport et c’est toujours pas rentré dans leurs têtes.
 
-         Et je vais même te dire mieux, ça fait 4 ans, qu’on te rabâche que ta dispense va poser problème pour le bac. Que tu seras obligée de faire l’épreuve de sport ! 4 ans qu’on t’explique – qu’on nous explique – que c’est en quelque sorte une fleur qu’ils te font, en te laissant tirer au flanc, parce que c’est le collège et que du coup c’est pas trop grave. Mais qu’ils ne sont pas dupes : que ça se voit que tu n’as rien. Et que c’est juste parce que tu n’aimes pas le sport, que ta chieuse de mère (qui ne peut rien te refuser) te fait dispenser. Ta mère d’ailleurs, qui fait son intéressante, pour de montrer qu’elle est connue et que donc elle ne suit pas les règles imposées aux communs des mortels. Tellement connue, la mère, qu’elle a des médecins complaisants pleins les poches. Genre… ça montre bien tout le crédit que ces gens portent au monde médical. Ils savent sûrement beaucoup mieux que les médecins. Parce que eux, ils ont de l’expérience, ils voient des tire au flanc toute la journée, ils savent les repérer. C’est des malins. Alors tu vas être pénalisée pour le bac ? Ohhhhh… Ils font comment les handicapés ? les vrais, je veux dire, ceux qui sont en fauteuil, par exemple ? Eux aussi ça leur pose problème et néanmoins ils passent le bac quand même et y’en a même qui l’ont. Alors voilà : on fera pareil. Et si ça te pénalise pour le brevet, le permis, ou pour aller sur la lune et bin on verra au cas par cas et on fera au mieux. Mais une chose est sure : dans tous les cas de figure, on se passera de l’avis de cette dame, et des autres.

Sont forts dans ce collège, forts pour me mettre en colère.

 Andréa perdue dans le désert
de l’Education Nationale

 

jeudi 25 février 2016

T'as pas passé l'âge de jouer ?

Il y’a toujours des gens qui croient bon de vous donner des conseils : « Moi j’aurais pas dit ça comme ça… », « Si c’était ma fille… », « Ah ? Tu fais ça comme ça toi ?! », « Je dis ça, je dis rien, mais quand même… c’est pas bien normal, si ? » Et globalement je m’en fiche, je fais comme j’ai envie.
Néanmoins, il arrive, que certains vous foutent « le doute ». Et si il/elle avait raison ? Si j’avais tort ?
Le « problème » était le suivant :
A son entrée en 5e mon ado jouait toujours… et plus particulièrement avec ses Playmobil.
Personnellement, je n’avais pas du tout envisagé ça comme un problème. Ça ne m’avait même pas effleurée. Mais certains autour de moi ont commencé à dire « Mais… Tu es trop grande pour jouer avec ça maintenant ! Hein qu’elle est trop grande ? » Euh…. Si j’ai ignoré les premiers commentaires de ce type, partant du principe qu’ils émanaient de vieux cons, j’avoue qu’ils ont fini par semer le doute dans mon esprit.
Tout d’un coup j’avais un problème : ma fille jouait >> ce n’était pas normal>> elle allait finir débile ou pire vieille fille, bannie de la société, entourée de 183 chats Playmobil géants !! Le drame…
Je me suis donc posé plein de questions :
-         Dois-je l’empêcher de jouer ?
-         Dois-je bruler les Playmobil un soir de pleine lune en sautant à cloche-pied pour briser un hypothétique sortilège ?
-         Dois-je consulter un pseudo-pédo-psycho-machin-chose ?
-         Quel est l’âge limite pour jouer ? Qui a la réponse ? J’ai demandé à Siri, mon assistant-personnel-qui-sait-tout et IL NE LE SAIT PAS : je suis foutue !
-         Suis-je une mauvaise mère en la laissant jouer ?
-         Suis-je une mauvaise mère en n’ayant pas vu qu’il y avait un problème majeur avec mon ado ? C’est une joueuse nom de Dieu !
Et puis, j’ai pris le problème dans l’autre sens : jouer c’est quoi ?
Les poupées, les voitures, ça OK.
Mais on dit aussi jouer aux jeux vidéos. Jouer du piano, de la flute, de la musique en général. Jouer au football (à plusieurs c’est encore pire, non ?), jouer au tennis. Jouer aux échecs. Jouer au Poker, à la roulette. Jouer en ligne. Jouer au loto…
Dis donc, dis donc ça en fait des jeux tout ça… Tout le monde joue en fait ! Et je connais plein d’adultes qui jouent du coup. Y’a même des jeux, comme les jeux d’argent, qui sont interdits aux enfants. Si c’est pas un comble ça ! D’ailleurs moi-même je joue : à World of Warcraft, à Candy Crush et… avec ma fille. Horreur ! J’ai quarante balais et je joue – encore - aux Playmobil !

Devant cette affligeante réalité, il ne me restait que 2 solutions :
-         Faire une thérapie mère-fille
-         Ou avoir une idée, qui nous sauve la face devant le reste du monde.
J’ai cherché et soudain : Miracle. C’est la prof de français, qui m’a involontairement donné la solution, en faisant lire un livre à l’ado. Un livre tout con sur Christophe Colomb. Mais on le sait, la lecture scolaire c’est jamais l’éclate. L’ado était mitigée. Pour l'encourager, j'ai eu l'idée de lui proposer d'en faire un roman-photo avec les Playmobil. Nous l'avons envoyé à l'auteur, qui nous a chaudement félicitées. Elle en a été très fière. Et je me suis dit qu’elle était là LA bonne idée. Du jeu nous sommes doucement passées à la création. L’imagination a pris le dessus, les idées ont fusées, les romans-photos, les photos puis les concours se sont enchaînés et aujourd'hui, le projet a 2 ans et demi, il évolue sans cesse et l'aventure continue ...
 
Conclusion
Le bilan de tout ça c’est que j’aurais pu vendre tous les Playmobil – devenir riche – la coller devant une tablette et rester le cul rivé dans mon canapé. J’aurais vu tous les épisodes de toutes les saisons de NCIS et de leurs copains de Los Angeles et de la Nouvelle Orléans mais au lieu de ça j’ai décidé de jouer avec elle, dans l’incompréhension générale.
Plus sérieusement, quand le projet a commencé à rassembler des gens sur le web, a se balader à travers le monde (parce que finalement y’a un paquet de monde qui joue avec des Playmobil, c’est inimaginable) et que l’ado a fait quelques passages dans la presse, je me suis à nouveau posé des questions : Que vont penser ceux qui ne jouent plus ? Que vont penser les autres ados du collège ?

Alors j’ai bien briefé la gamine : « si tu passes dans le journal, tout le monde saura que tu joues/crée avec des Playmobil. Es-tu sure de vouloir le faire ? N’as-tu pas peur que les autres se moquent de toi ? » Elle était sure, alors on l’a fait et au final les retours ont été plus que positif. Personne ne s’est moqué. Mieux, les autres enfants ont été impressionnés qu’elle ait gagné des concours en jouant.

Parce qu’au final, qu’on appelle ça imagination, création, pédagogie, développement/acquisition de compétences ou je ne sais quoi d’autre, tout ça se résume à quoi ?
Nous on voulait jouer tranquille, mais on nous a saoulées, alors on a « joué » sur les mots en remplaçant le mot « jeu » par « création artistique » et maintenant : ON PEUT JOUER TRANQUILLE, TOUT LE MONDE NOUS FICHE LA PAIX.
Finalement, le bonheur, ça tient à pas grand-chose…