Ça y est,
l’ado est entrée au lycée.
Le jour de
la pré-rentrée, elle a découvert ses deux profs principaux : le prof de
gym et le prof de maths ! Le grand écart scolaire. L’eau et le feu.
L’anti-thèse et la foutaise.
Pour
l’anecdote, avant même qu’ils ne se présentent, l’ado et son BFF, les avaient
déjà reconnus.
-
Ils
ont pas eus besoin de se présenter (morte de rire) on a su tout de suite qui
était qui !
-
???
-
Le
prof de gym il s’y est repris à 3 fois pour compter les élèves. Il arrive pas à
compter jusqu’à 31 d’un seul coup (pleure de rire) ! Donc celui là on
a tout de suite su qu’il était pas prof de maths ! Où alors on était mal
barrés !
-
Et
le deuxième ?
-
Ah
bin lui on a eu qu’à l’écouter parler. Il fait une faute de français par
phrase. Donc en toute logique : il était pas prof de français, hu, hu,
hu ! Et comme il comptait plus vite que l’autre, on en a déduit que
c’était le prof de maths.
Ils sont futés ces gamins.
Bon, mais revenons à nos trochlées. Donc, le prof de gym, a
bien expliqué que TOUS les élèves doivent faire gym. Même les dispensés. Et là,
y’a eu comme un vent de panique chez l’ado et son BFF, qui selon le théorème de
« qui-se-ressemble-s’assemble » sont tous les deux dispensés de gym.
Du coup, prenant leur courage à deux mains, ils sont allés aux infos, à la fin
du cours. Le verdict a été sans appel : Tout le monde en cours.
ACTE I : ETUDE
DE TEXTES
Dans sa grande mansuétude, l’Education Nationale ne veut
laisser aucun enfant sur le bord du chemin. Ce qui est louable. Et donc de ce
fait, demande aux enseignants de sport, d’impliquer TOUS les enfants, y compris
les malades, handicapés, empêchés de… en leur proposant des activités adaptées.
Ça c’est ce qu’a expliqué le prof aux enfants. Exemples :
Au BFF de ma fille, qui a mal aux talons, il a expliqué qu’il
pourrait faire de l’escalade, parce que « c’est un sport qui ne sollicite
pas les talons ».
Et à ma fille, il a expliqué qu’elle pourrait aider à monter
et démonter les pyramides humaines (au 1er trimestre, ils font
acrosport).
Et c’est là qu’on est pas d’accord l’Educ’ Nat’ et moi.
Mais passons. Voilà où l’on en était à l’issue de la première
journée.
ACTE 2 : A MOI
DE JOUER
Quelques jours plus tard, l’ado m’annonce qu’elle a
rendez-vous avec le médecin scolaire (comme je l’avais demandé dans le
formulaire d’inscription au lycée).
-
Et
moi ?
-
Quoi
toi ?
-
T’y
vas toute seule chez le médecin scolaire ?
-
Apparemment
oui, toi t’es pas invitée.
-
Et
tu vas savoir quoi lui dire ?
-
Bin
non, justement, va falloir que tu me redises les mots. (sort une feuille de
papier) Comment t’écris : displasi ?
-
D-Y-S-P-L-A-S-I-E-F-E-M-O-R-A-L-E
-
Ok et troklé ?
-
T-R-O-C-H-L-E-E-S.
Tu sais quoi, je vais demander à venir avec toi
Le
lendemain, je me pointe au lycée et on m’envoie dans le bureau de l’infirmier –
apparemment c’est avec lui que l’ado a rendez-vous, le lendemain.
On discute.
Il sait à peu près de quoi il parle, pose des questions pertinentes et propose
la clé de l’ascenseur et un coupe file pour la cantine, sans que je n’ai rien
demandé. Ensuite, il me dit qu’il va en parler avec le médecin scolaire et
qu’ensemble ils décideront si l’ado peut être dispensée de présence aux cours
de gym. Une sorte de super-dispense qui m’arrangerait pour deux raisons :
1 – je n’aurais plus à m’inquiéter de ce qu’on pourrait lui demander de faire
en cours et 2 – je pourrais lui caser deux heures de kiné le mercredi matin.
Il me
demande un courrier du kiné et veut quand même rencontrer l’ado le lendemain
pour mettre un visage sur son nom et discuter avec elle d’éventuelles
difficultés pratiques qu’elle pourrait rencontrer dans le lycée. Sympa de sa
part. Le lendemain, la rencontre se passe super bien. Et le surlendemain
j’apporte la lettre du kiné. Il y jette un
œil distrait, l’agrafe au dossier et annonce :
-
De
toute façon c’est bon, elle est autorisée à ne pas aller en cours, j’ai vu le
médecin scolaire hier, tout est réglé.
OUF
ACTE III : AU PAYS DE UBU
Hier soir. Réunion
parents-profs. Quand vient le tour du prof de gym, il explique que TOUS les
enfants doivent venir en cours. Bon, ça c’est OK, on a bien compris. Mais, il
ajoute une variante :
-
Dans
certains lycées, il y’a des cours spécifiques pour les dispensés de 17 à 18 h,
où ils font des activités adaptées : fléchettes, jonglage ou mime. Ici on
n’a pas ça, mais on leur fait quand même faire des choses. Donc pas de
passe-droits : tout le monde vient en cours.
A la fin de
la réunion, je vais le voir (extraits)
-
Vous
avez reçu le mail du médecin scolaire, qui la dispense de venir aux
cours ?
-
Ah
non. Mais je n’aime pas cette façon de faire ! Je n’aime pas qu’il y ait
deux poids, deux mesures, tout le monde doit venir ! Je n’ai rien contre
vous, mais ça ne se fait pas, je n’ai même pas été concerté !
-
Je
n’ai rien contre vous non plus mais j’ai suivi la procédure : j’ai
rencontré l’infirmier, qui m’a proposé de la dispenser de présence et qui,
étant donné son cas, en a discuté avec le médecin scolaire, qui a tranché.
-
Mais
je lui ai proposé des activités adaptées ! (je précise ici, que le prof
n’a pas été fâché de cette conversation, plutôt triste de ne pas être consulté)
-
J’entends
bien, mais quelles sont vos compétences médicales pour juger si telle ou telle
action peut être compatible avec son problème ? Que savez-vous des
conséquences que pourraient avoir une blessure ?
-
…
-
Vous
savez on ne fait pas 5 h de kiné par semaine pour le plaisir, encore une fois
ce n’est pas contre vous, mais si vous flinguez tout ce travail pour obéir à un
texte je ne vais pas être d’accord du tout.
-
Oui,
je comprends…
-
Et
comprenez aussi, que le médecin scolaire ne prenne pas la responsabilité de
l’envoyer en cours. Je conçois que ça soit difficile à admettre, parce que
quand on la voit là, on n’imagine pas qu’elle ait un problème, mais si le
spécialiste le dit, le kiné aussi et même le médecin scolaire…
-
De
toute façon le médecin scolaire a tranché, donc…
-
Oui
voilà… Mais si vous tenez absolument à lui mettre une note elle peut vous faire
un devoir écris ?
-
Mais
je ne suis pas prof de lettres je suis prof de gym !
-
Ok…
MORALE
Pour
l’Education Nationale, une dispense établie par un médecin ne suffit pas. Et
ça, soyons francs : je ne peux pas le comprendre. Je ne VEUX pas le
comprendre. Toujours pas, même après 4 années de prise de tête. Enfin, la bonne
nouvelle cette année, c’est qu’on est tombées sur une équipe moins butée que
les autres, plus humaine aussi (ou plus trouillarde ?). En tout cas le
résultat est là : mercredi, elle ira chez le kiné, au lieu d’aller en
cours et ça c’est déjà une victoire. A moins que d’ici là …