dimanche 2 octobre 2016

Au pays d'Ubu

 Ça y est, l’ado est entrée au lycée.
Le jour de la pré-rentrée, elle a découvert ses deux profs principaux : le prof de gym et le prof de maths ! Le grand écart scolaire. L’eau et le feu. L’anti-thèse et la foutaise.
Pour l’anecdote, avant même qu’ils ne se présentent, l’ado et son BFF, les avaient déjà reconnus.
-         Ils ont pas eus besoin de se présenter (morte de rire) on a su tout de suite qui était qui !
-          ???
-         Le prof de gym il s’y est repris à 3 fois pour compter les élèves. Il arrive pas à compter jusqu’à 31 d’un seul coup (pleure de rire) ! Donc celui là on a tout de suite su qu’il était pas prof de maths ! Où alors on était mal barrés !
-         Et le deuxième ?
-         Ah bin lui on a eu qu’à l’écouter parler. Il fait une faute de français par phrase. Donc en toute logique : il était pas prof de français, hu, hu, hu ! Et comme il comptait plus vite que l’autre, on en a déduit que c’était le prof de maths.
Ils sont futés ces gamins.
Bon, mais revenons à nos trochlées. Donc, le prof de gym, a bien expliqué que TOUS les élèves doivent faire gym. Même les dispensés. Et là, y’a eu comme un vent de panique chez l’ado et son BFF, qui selon le théorème de « qui-se-ressemble-s’assemble » sont tous les deux dispensés de gym. Du coup, prenant leur courage à deux mains, ils sont allés aux infos, à la fin du cours. Le verdict a été sans appel : Tout le monde en cours.
 
ACTE I : ETUDE DE TEXTES
Dans sa grande mansuétude, l’Education Nationale ne veut laisser aucun enfant sur le bord du chemin. Ce qui est louable. Et donc de ce fait, demande aux enseignants de sport, d’impliquer TOUS les enfants, y compris les malades, handicapés, empêchés de… en leur proposant des activités adaptées. Ça c’est ce qu’a expliqué le prof aux enfants. Exemples :
Au BFF de ma fille, qui a mal aux talons, il a expliqué qu’il pourrait faire de l’escalade, parce que « c’est un sport qui ne sollicite pas les talons ».
Et à ma fille, il a expliqué qu’elle pourrait aider à monter et démonter les pyramides humaines (au 1er trimestre, ils font acrosport).
Et c’est là qu’on est pas d’accord l’Educ’ Nat’ et moi.
Mais passons. Voilà où l’on en était à l’issue de la première journée.
 
ACTE 2 : A MOI DE JOUER
Quelques jours plus tard, l’ado m’annonce qu’elle a rendez-vous avec le médecin scolaire (comme je l’avais demandé dans le formulaire d’inscription au lycée).
-         Et moi ?
-         Quoi toi ?
-         T’y vas toute seule chez le médecin scolaire ?
-         Apparemment oui, toi t’es pas invitée.
-         Et tu vas savoir quoi lui dire ?
-         Bin non, justement, va falloir que tu me redises les mots. (sort une feuille de papier) Comment t’écris : displasi ?
-         D-Y-S-P-L-A-S-I-E-F-E-M-O-R-A-L-E
-         Ok et troklé ?
-         T-R-O-C-H-L-E-E-S. Tu sais quoi, je vais demander à venir avec toi
Le lendemain, je me pointe au lycée et on m’envoie dans le bureau de l’infirmier – apparemment c’est avec lui que l’ado a rendez-vous, le lendemain.
On discute. Il sait à peu près de quoi il parle, pose des questions pertinentes et propose la clé de l’ascenseur et un coupe file pour la cantine, sans que je n’ai rien demandé. Ensuite, il me dit qu’il va en parler avec le médecin scolaire et qu’ensemble ils décideront si l’ado peut être dispensée de présence aux cours de gym. Une sorte de super-dispense qui m’arrangerait pour deux raisons : 1 – je n’aurais plus à m’inquiéter de ce qu’on pourrait lui demander de faire en cours et 2 – je pourrais lui caser deux heures de kiné le mercredi matin.
Il me demande un courrier du kiné et veut quand même rencontrer l’ado le lendemain pour mettre un visage sur son nom et discuter avec elle d’éventuelles difficultés pratiques qu’elle pourrait rencontrer dans le lycée. Sympa de sa part. Le lendemain, la rencontre se passe super bien. Et le surlendemain j’apporte la lettre du kiné. Il y jette un  œil distrait, l’agrafe au dossier et annonce :
-         De toute façon c’est bon, elle est autorisée à ne pas aller en cours, j’ai vu le médecin scolaire hier, tout est réglé.
OUF
 
 ACTE III : AU PAYS DE UBU
Hier soir. Réunion parents-profs. Quand vient le tour du prof de gym, il explique que TOUS les enfants doivent venir en cours. Bon, ça c’est OK, on a bien compris. Mais, il ajoute une variante :
-         Dans certains lycées, il y’a des cours spécifiques pour les dispensés de 17 à 18 h, où ils font des activités adaptées : fléchettes, jonglage ou mime. Ici on n’a pas ça, mais on leur fait quand même faire des choses. Donc pas de passe-droits : tout le monde vient en cours.
A la fin de la réunion, je vais le voir (extraits)
-         Vous avez reçu le mail du médecin scolaire, qui la dispense de venir aux cours ?
-         Ah non. Mais je n’aime pas cette façon de faire ! Je n’aime pas qu’il y ait deux poids, deux mesures, tout le monde doit venir ! Je n’ai rien contre vous, mais ça ne se fait pas, je n’ai même pas été concerté !
-         Je n’ai rien contre vous non plus mais j’ai suivi la procédure : j’ai rencontré l’infirmier, qui m’a proposé de la dispenser de présence et qui, étant donné son cas, en a discuté avec le médecin scolaire, qui a tranché.
-         Mais je lui ai proposé des activités adaptées ! (je précise ici, que le prof n’a pas été fâché de cette conversation, plutôt triste de ne pas être consulté)
-         J’entends bien, mais quelles sont vos compétences médicales pour juger si telle ou telle action peut être compatible avec son problème ? Que savez-vous des conséquences que pourraient avoir une blessure ?
-        
-         Vous savez on ne fait pas 5 h de kiné par semaine pour le plaisir, encore une fois ce n’est pas contre vous, mais si vous flinguez tout ce travail pour obéir à un texte je ne vais pas être d’accord du tout.
-         Oui, je comprends…
-         Et comprenez aussi, que le médecin scolaire ne prenne pas la responsabilité de l’envoyer en cours. Je conçois que ça soit difficile à admettre, parce que quand on la voit là, on n’imagine pas qu’elle ait un problème, mais si le spécialiste le dit, le kiné aussi et même le médecin scolaire…
-         De toute façon le médecin scolaire a tranché, donc…
-         Oui voilà… Mais si vous tenez absolument à lui mettre une note elle peut vous faire un devoir écris ?
-         Mais je ne suis pas prof de lettres je suis prof de gym !
-         Ok…
 
MORALE
Pour l’Education Nationale, une dispense établie par un médecin ne suffit pas. Et ça, soyons francs : je ne peux pas le comprendre. Je ne VEUX pas le comprendre. Toujours pas, même après 4 années de prise de tête. Enfin, la bonne nouvelle cette année, c’est qu’on est tombées sur une équipe moins butée que les autres, plus humaine aussi (ou plus trouillarde ?). En tout cas le résultat est là : mercredi, elle ira chez le kiné, au lieu d’aller en cours et ça c’est déjà une victoire. A moins que d’ici là …
 

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